Exposition

LE POUVOIR DU DEDANS 

 

Carmen BOUYER

 

 

Du 10 mars au 10 avril 2022

 

Vernissage : jeudi 10 mars de 17h à 20h

 Happy Hour : samedi 12 mars de 17h à 19h

 Clôture et performance (lecture de poèmes de l’artiste) : dimanche 10 avril à 16h

L’exposition Le Pouvoir du Dedans propose une immersion sensible dans les vibrations symboliques issues du monde des arbres parisiens et des nappes d’eaux souterraines de la ville de Paris. Les feuilles de saule, de peuplier, de tulipier, de tilleul, se dressent en noir et blanc, tandis ce que l’évocation des eaux subalternes s’exprime en teintes ondulantes de jaune et d’or. Corps-images de la nature des lieux, peints avec des pigments issus de plantes et de terres de France, sur support de bois et papier.

 

Je dormais dans les racines d’un arbre

et je faisais beaucoup de rêves:

un langage étrange, bien étrange

comme un millier de feuilles frémissantes.”

Kenneth White, extrait du poème Le Chemin du chamane

 

Intention

A travers l’exposition Le Pouvoir du Dedans, un terme emprunté à l’éco-féministe Starhawk, Carmen Bouyer poursuit sa recherche de création d’images qui relient à la terre à Paris. Cette nature que nous négligeons souvent, se déploie pourtant dans la capitale en une forêt urbaine d’environ 500 000 arbres. Forêt alluviale reliée à la Seine et aux profondes nappes d’eau souterraines, entités hydrogéologiques sauvages et immenses qui nous abreuvent. Leurs formes se mêlent à nous. L’artiste propose des images peintes qui honorent notre relation vitale avec ces entités des villes. Chacun.e est invité.e à prendre un temps dédié au ressenti de la dimension sacrée de la nature dans cette exposition dédiée aux divinités des arbres et du monde souterrain à Paris.

 

Inspirations

Le travail s’inspire directement des formes réelles des méandres du fleuve Seine, des nappes souterraines, et des feuilles d’arbres parisiens. A ces formes viennent s’ajouter des influences esthétiques et philosophiques de l’art mésolithique et néolithique du Bassin Parisien, notamment celui de la forêt de Fontainebleau, et européen en général, ainsi que celles des pratiques d’art vernaculaire et animiste du monde entier. La proposition artistique s’inscrit également dans le mouvement éco-féministe qui revendique l’importance de décloisonner notre rapport au monde en cultivant le pouvoir-du-dedans, comme une immersion dans l’intelligence de la terre dans sa multiplicité interconnectée (en opposition à la position patriarcale et clivante du “pouvoir sur”). Une intériorité créative qui se nourrit aussi des écrits du philosophe et penseur de l’islam spirituelle Henry Corbin lorsqu’il décrit le monde de l’Imaginal. Cet espace intermédiaire entre la perception du monde par les sens et la pure perception intellectuelle de celui-ci, espace qui permet le passage de l’un à l’autre par le déploiement de l’imagination active comme faculté de connaissance.

 

Technique

Le travail s’inscrit dans une démarche écologique de production d’images avec l’utilisation uniquement de matériaux naturels fabriqués en France. Les couleurs sont réalisées à partir de pigments issus de terres ou de plantes, avec un liant à la cire et l’huile. On peut citer la terre des Ardennes et le châtaignier oxydé au sulfate de fer pour le noir, les terres de Provence et le réséda des teinturiers pour le jaune, le pastel des teinturiers pour le bleu, et le calcaire argileux de Provence pour le blanc dit “de Meudon”. Les peintures sont réalisées sur papiers artisanaux, faits en France et composés entièrement de lin ou de coton. D’autres sont peintes sur des tranches de bois de tilleul et d’érable sycomore issus des forêts françaises. Les encadrements sont réalisés par l’atelier solidaire A travers Fil à partir de bois recyclé issus de la réhabilitation de logements sociaux à Paris. Les motifs des feuilles d’arbres sont retranscrits directement à partir des feuilles glanées dans la ville de Paris puis séchées en herbier et notamment des feuilles d’arbres de bord de Seine, feuilles de saule, de tulipier, de tilleul, de peuplier, etc. Les motifs représentant les aquifères et les courts d’eau sont issus des cartes du Système d’information pour la gestion des eaux souterraines en Seine-Normandie et modélisation hydrogéologique des aquifères de Paris réalisées par la chercheuse Aurélie Lamé. 

 

Biographie

Carmen Bouyer est une artiste française engagée dans le mouvement de l’art écologique, un courant qui encourage l’épanouissement à long terme de l’environnement social et naturel dans lequel nous vivons. Travaillant dans des paysages urbains – entre la France, les États-Unis et la Turquie – elle collabore avec des personnes qui connaissent le terrain pour créer des œuvres d’art géographiquement spécifiques et des événements conviviaux collaboratifs. À travers son travail, elle vise à favoriser des formes respectueuses de coexistence entre les réalités humaines et non humaines. Elle est titulaire d’un Master en Design de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (EnsAD). Son travail artistique a été présenté à Paris au Palais de Tokyo, Galerie 365, Galerie Marie-Robin, Atelier Bergère; à New York à Pioneer Works, Flux Factory, Glyndor Gallery, Greenpoint Film Festival; à Los Angeles à NAVEL, à Istanbul au Halka Art Center, Istanbul Art Fair; à Izmir à la Triennale Port Izmir 3, Maquis Projects; à Osaka au Water Festival et à Karlsruhe au ZKM. Elle développe aussi depuis 10 ans des programmes de sensibilisation à l’écologie par les arts avec notamment Pioneer Works Center for Art and Innovation, Till Design, The New York City Urban Field Station, le programme européen From Culture to Conviviality Through Creativity and Culture (4Cs), et The Nature of Cities. Elle développe actuellement une recherche artistique centrée sur la possibilité d’un artisanat parisien vernaculaire et co-organise les programmes artistiques du The Nature of Cities Festival 2022.